Notre Histoire
Un siècle d’histoire de la Fondation en 47 photographies
DE LA CRÉATION EN 1903 AUX ANNÉES 30 : L’ESPRIT PIONNIER DANS LA LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE
Un projet novateur au début du XXème siècle
Jacques-Joseph GRANCHER, médecin visionnaire, fonde en 1903 l’Œuvre de Préservation de l’enfance contre la tuberculose, bientôt connue sous le nom de « l’Œuvre Grancher ».
Né à Felletin, d’une famille creusoise modeste, il devient docteur en médecine en 1873. Professeur agrégé et médecin des hôpitaux en 1875, il dirige un service de médecine à l’hôpital Necker. Joseph GRANCHER participe en 1885 avec Louis PASTEUR à la première vaccination contre la rage. Cette même année, il est nommé Professeur de clinique à la chaire des maladies de l’enfant de l’Hôpital des Enfants malades de Paris. Il est également membre du directoire de l’Institut Pasteur. Personnalité médicale reconnue pour ses recherches sur la tuberculose, Joseph GRANCHER est un pionnier en ce qui concerne la prévention de la tuberculose infantile.
L’Œuvre Grancher – dès sa conception – représente un prototype innovant qui associe le classique modèle organisationnel de placement familial à la campagne avec le nouveau modèle scientifique issu de la pensée pastorienne.
Une œuvre reconnue d’utilité publique dès les années 1910
Ainsi, en ce début du XXème siècle, l’Œuvre représente la première institution reconnue d’utilité publique à accueillir des enfants en placement familial avec une visée sanitaire et pour des durées longues de séjour. Par la suite, le Comité d’apprentissage, créé en 1910, illustre la préoccupation des successeurs du fondateur concernant le devenir de ces enfants. Ceux-ci auront le choix d’un apprentissage au terme de leur période scolaire et seront accompagnés jusqu’à leur majorité et l’obtention d’un emploi.
L’apogée des filiales de l’Œuvre Grancher dans les années 20 & 30
Entreprise d’utilitarisme social, au socle prophylactique, l’Œuvre connaît une extension importante et rapide de son activité par la création de filiales départementales, soutenues par la bienfaisance privée. Indépendantes à partir de 1920, ces filiales s’étendent progressivement à 82 départements français.
L’Œuvre se distingue par un fonctionnement de ses placements familiaux centré sur des préoccupations nouvelles : une attention accrue dans le choix des nourrices, la surveillance médicale des enfants, le maintien des liens avec leur famille naturelle et la préoccupation de leur devenir.
En 1921, l’accueil, jusque-là limité aux enfants âgés de 5 à 13 ans, évolue grâce aux progrès de la puériculture et au prix d’une hygiène stricte vers l’ouverture du premier « centre d’élevage » des nourrissons âgés de moins de trois ans.
DES ANNÉES 1940 A 1960 : UN TEMPS DE TRANSITION
Une légitimité définitivement acquise au sortir de la Seconde guerre mondiale
En 1949, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et le Sénégal sont également dotés d’une filiale de l’Œuvre. D’autres pays s’inspirent du modèle : la Belgique, le Maroc, la Tchécoslovaquie, le Canada, la Pologne, et même l’Allemagne, à la grande satisfaction des médecins administrateurs de l’Œuvre. Au sortir de la guerre, l’Œuvre Grancher obtient enfin une complète légitimité dans le cadre du renforcement du ministère de la Santé qui s’adjoint une administration vouée à la population. L’ordonnance du 31 octobre 1945 aménage les dépenses relatives à l’hospitalisation des tuberculeux.
Les années 1950 : l’apparition du vaccin BCG
Au début des années 1950, Jules RENAULT, Président de l’Œuvre, considère que l’institution entre dans une nouvelle période de son histoire. Un défi sociétal s’annonce : obtenir l’obligation légale de la vaccination par le BCG. L’objectif est rapidement atteint grâce à la loi du 5 janvier 1950 et au décret d’application du 9 juillet 1951. L’obligation instituée, l’administration de la santé se chargera ensuite de définir les dérogations et les âges de vaccination dans le but que tout enfant d’âge préscolaire soit protégé du bacille.
À partir de 1946, les effectifs des cinq foyers solognots dirigés par la maison mère se multiplient par 3,3 en huit ans : on passe de 200 enfants en 1946 à 659 enfants en 1954. Ensuite, il reste stable jusqu’en 1961 (environ 580 enfants). Huit assistantes sociales s’occupent des enfants accueillis sous la direction de dix médecins de province. Une nouvelle assistante sociale, Mademoiselle CHAPTAL, est affectée au siège à Paris.
Le déclin progressif de la tuberculose dans les années 1960
Au fur et à mesure que les indications de la tuberculose se confirme, l’Œuvre perd de sa raison d’être. Que faire alors ? Disparaître ? C’est le cas des filiales qui disparaissent progressivement à partir de 1964 alors que, par ailleurs, le mouvement hygiéniste s’intègre aux politiques de santé publique et que le secteur dit de la rééducation de l’enfance inadaptée développe des réponses institutionnelles là où celles de l’Education Nationale font défaut. Une seule filiale, celle de Chartres, poursuivra son activité, à l’image de la maison-mère, en se consacrant à d’autres mission.
A partir des années 1960, le but de l’Œuvre Grancher semble être atteint : la tuberculose est quasiment éradiquée. Les filiales, perdant leur raison d’être, disparaîtront totalement ou s’adapteront en se combinant au secteur de « l’enfance inadaptée » en expansion et dont les premières organisations, apparues en 1941/1942, étaient aussi articulées aux dispensaires. Dans ce même mouvement, certains sanatoriums, aériums et préventoriums, voyant leur utilité disparaître, se transformeront en instituts de rééducation ou fermeront leurs portes.
Malgré l’extension de « l’enfance inadaptée » et la progression de la neuropsychiatrie infantile, l’affirmation en 1958 de la protection de l’enfance en danger et des actions préventives auprès des familles en 1959, l’Œuvre Grancher reste fidèle à ses engagements de départ autour de la question de la tuberculose. Toutefois, menacée de disparition, l’Œuvre se transforme officiellement en 1970, tout en intégrant les représentations en vigueur des problèmes de l’enfance.
LES ANNÉES 70 & 80 : DEUX DÉCENNIES DE MUTATION
La consécration du modèle psycho-éducatif dans les années 1970
Au sein de l’Œuvre Grancher, tout ou presque va changer à partir de 1970 : le public accueilli, les statuts juridiques, les savoirs et une grande partie du personnel.
Avec Myriam DAVID, Jenny AUBRY-ROUDINESCO, Michel SOULÉ et Françoise DOLTO, la psychanalyse est entrée dans le champ de la protection de l’enfance vingt ans après qu’elle soit apparue en France. Si l’Œuvre Grancher est le lieu d’une douce mais profonde révolution qui débute en 1963 sous l’égide de Françoise JARDIN, c’est parce que cette jeune pédopsychiatre se trouve en contact avec des médecins de renom qui cherche à améliorer les prises en charge des enfants dans les établissements hospitaliers et de l’assistance publique. Il s’agit d’une nouvelle génération formée de pédiatres et de neuropsychiatres marqués par la psychanalyse.
En matière de placement familial, et pas seulement au sein l’Œuvre Grancher, ce sont plus spécifiquement les conceptions de Myriam DAVID qui sont les plus déterminantes dans l’évolution des regards et des pratiques de protection de l’enfance. Françoise JARDIN s’en inspira largement pour moderniser l’institution. Pour restructurer l’Œuvre Grancher, Clément LAUNAY et Myriam DAVID seront ses maîtres à penser. Du professeur LAUNAY, Françoise JARDIN retient l’idée centrale « qu’il faut penser l’enfant dans son histoire globale et dans sa relation avec ses parents, même si une séparation doit être envisagée ».
L’Œuvre face à la crise des années 70 & 80
Les années 1980 sont marquées par la prise de conscience que la récession économique s’est installée profondément. Le réaménagement géographique de l’institution autour des trois centres solognots implique que l’Œuvre se sépare des propriétés désormais inutiles à l’exercice de ses activités. Entre 1980 et 2000, six ventes sont effectuées : ce sont soit des anciennes maisons d’infirmières, soit des legs immobiliers provenant de dons successoraux, soit des dons de propriété appartenant à des filiales qui ont cessé leur activité.
Les années 1980 marquent le début de la limitation de la participation des fonds propres de l’Œuvre au fonctionnement de l’accueil familial dont les frais sont dès lors imputés presque exclusivement aux pouvoirs publics. Car, à partir de 1984, ce sont les placements ASE, ordonnés par le juge, qui sont en augmentation constante, sans toutefois faire tomber l’inquiétude causée par les baisses chroniques des effectifs, d’autant que la difficulté de recruter des nourrices en Sologne est un obstacle aux admissions.
Engagé par le professeur BACH, le nouveau directeur administratif, Monsieur Christian MESNIER, se voit confier en 1989 la responsabilité de renverser le courant, ce qui signifie : relancer les admissions des enfants, remédier à la pénurie d’assistantes maternelles, mettre en place un organisme de formation, établir des budgets prévisionnels pour chacun des centres, ainsi que négocier les prix de journée et les nouveaux postes professionnels avec la DASES.
A PARTIR DE 1990 : LE TEMPS DE L’OUVERTURE
Les années 90 : la lutte contre le SIDA
Les années 1990 sont marquées par la création de ce qu’on appelle à l’Œuvre Grancher l’extension. Soutenue par le Professeur BACH et l’équipe de direction, Dominique ROSSET, pédopsychiatre, étudie les modalités d’un accueil familial pour les enfants porteurs du VIH. Le premier cas pédiatrique de SIDA est découvert à l’Hôpital Necker en 1984. Un an plus tard, c’est l’ASE qui est confrontée au problème de l’accueil d’enfants malades.
La création de ce service pour ces enfants n’a pas été chose aisée : la peur de la contagion étant à l’époque assez répandue, le soutien des familles contaminées d’une part et le recrutement des assistantes maternelles de l’autre, ont rendu la tâche compliquée. Une collaboration avec l’association de lutte contre le SIDA, l’association Solidarité Enfants SIDA (Sol En Si), le Secours Populaire et le Secours Catholique contribue à la réalisation d’un accueil familial dont l’implantation a lieu sur Paris, faute de trouver des assistantes maternelles volontaires en Sologne. « Ces assistantes familiales se dévouent non pas par professionnalisme mais par convictions militante ou religieuse.», ajoute Madame ROSSET.
Depuis les années 2000 : un développement au service des enfants
A l’aube du XXIème siècle, en 2001, le changement des statuts de l’Association en Fondation est rendu possible par le patrimoine accumulé au cours de son histoire et facilite la mise en œuvre d’une nouvelle dynamique. Fidèle à son esprit solidariste, la Fondation Grancher s’enrichit de l’histoire et de l’expertise d’autres associations spécialisées dans l’accueil familial.
En 2002, l’intégration de la filiale d’Eure et Loir représente la première réalisation de fusion de la Fondation Grancher. Créée le 2 novembre 1934, cette filiale autonome a une histoire jumelle de l’Œuvre par son accueil d’enfants au titre de la prophylaxie tuberculeuse. Dès 1920, le Président de l’Office Départemental d’Hygiène Sociale d’Eure et Loir s’intéresse aux suggestions qui lui sont présentées en faveur de la création dans le département d’une filiale de l’Œuvre Grancher.
La fusion de l’Œuvre Grancher d’Eure et Loir avec la Fondation, portée par Madame Madeleine GUEVENEUX, reconstitue les liens historiques dans la fidélité de l’œuvre du Professeur Grancher et la mise en commun de l’expérience et des moyens des deux entités.
En 2010, la Fondation s’engage dans un nouveau projet de rapprochement avec l’Association Le Relais. Née le 17 février 1961, cette association partage avec la Fondation une vision commune du placement familial.
En 2017, l’Association Jonas Ecoute rejoint la Fondation Grancher, réunies toutes deux autour d’une même mission d’accueil familial et de valeurs partagées. L’association Jonas Ecoute s’est construite progressivement à partir des années 1970 en institutionnalisant progressivement l’hébergement permanent d’adolescents par des accueillants familiaux.
Depuis 1903, la Fondation, pétrie de traditions et résolument tournée vers l’avenir. s’est attachée, au fil du temps, à adapter ses réponses et ses méthodes afin d’assurer sa mission de protection de l’enfance. Aujourd’hui, la Fondation construit un avenir commun autour de son projet. Forte de l’histoire et de l’expérience de chacune des entités qui la composent, la Fondation Grancher s’engage, dans le respect de ses valeurs, auprès de chaque enfant accueilli à l’accompagner et le soutenir dans son projet de vie.
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